Les troubles du comportement alimentaire : définitions

Les troubles du comportement alimentaire englobent différents troubles de gravité variable et peuvent faire l’objet d’une thérapie avec un psychologue.

L’anorexie mentale et la boulimie nerveuse ont en commun un trouble important de la perception de l’image du corps. Elles sont d’origine psychique (Inserm, 1999). L’anorexie mentale se caractérise notamment par la privation volontaire de nourriture. C’est une conduite addictive. Ici l’addiction n’est pas une addiction à un produit comme dans l’alcoolisme (dépendance à l’alcool), le tabagisme (dépendance au tabac) ou la boulimie (dépendance aux aliments). C’est une addiction au jeûne. La personne ne peut s’empêcher de se priver de nourriture, comme la personne « addict » aux jeux vidéos ne peut s’empêcher de jouer. Il y a une impossibilité à maîtriser consciemment, par la volonté, son comportement.

La dernière version du DSM (Manuel Diagnotique et Statistique des troubles mentaux) de l’APA (American Psychiatric Association), à savoir le DSM 5, reconnaît l’hyperphagie. Comme la boulimie, elle correspond à une prise alimentaire en grande quantité mais sans méthode compensatoire pour éviter la prise de poids.

On peut aussi citer les compulsions alimentaires où la personne perd également le contrôle de son comportement mais ingère de moins grandes quantités de nourriture que dans la boulimie ou l’hyperphagie.

Les traits de fonctionnement présentés ici sont rencontrés de manière transversale chez toutes les personnes souffrant de troubles des conduites alimentaires (TCA).

Les conseils pour vous aider à réfléchir sont complémentaires d’une psychothérapie. En effet, je ne peux pas ici être exhaustive, rentrer dans les détails de chaque trouble du comportement alimentaire et soulever toutes les questions. C’est un travail qui se fait individuellement en fonction de l’histoire de et au rythme de chacun.

Les troubles du comportement alimentaire : des éprouvés négatifs communs

La culpabilité : « je ne parviens pas à être mince alors que beaucoup y arrivent. Je suis nul(le)… ». Se défaire de la croyance erronée et répandue que la minceur est uniquement liée à la volonté est nécessaire. Lors de compulsion alimentaire, il est important d’être indulgent avec soi et d’accepter que les rechutes soient inévitables et fassent partie du processus de guérison.

La honte : elle est ce mouvement de confusion envers ce qu’on est. C‘est elle qui transforme la conscience d’un défaut en complexe. Elle est étroitement associée aux problèmes d’estime de soi et souvent issue de jugements. Listez les jugements qui reviennent régulièrement en lien avec le fait de manger, d’être gros… et apportez-les si vous le souhaitez en consultation pour en discuter. Il s’agit souvent de jugements relatifs ou de raisonnements sinon faux, du moins à relativiser, mais ancrés comme des vérités absolues.
Quand une personne émet un jugement négatif sur vous, c’est souvent d’elle dont elle parle. De plus, son jugement lui appartient et la valeur de ce jugement est celle que vous lui accorderez. Pensez-vous que la personne continuera de penser à vous longtemps ? Qu’elle en parlera à d’autres ? Changez-vous d’avis à cause de son jugement ?
Essayez de répondre « Je suis conscient de mon problème. Inutile d’insister. ». La gêne risque de changer de camp … ou encore : « Je n’ai pas envie de connaître ton opinion. »
Si vous en avez envie, ne vous privez pas de manger seul au restaurant. A chaque fois, imaginez ce que les autres pensent de vous, ayez conscience que vous n’en avez pas le pouvoir et que cela n’a aucune importance, puis concentrez-vous sur le repas. Les premières fois, la honte ou la culpabilité seront sûrement plus importantes que le repas. Mais gardez en tête que c’est votre honte et votre culpabilité. Vous êtes souvent votre pire juge. Être plus indulgent, plus doux avec vous-même est un travail qui se fera petit à petit. Concentrez-vous sur vos ressentis et votre assiette. C’est le plaisir du moment présent qui êtes important.

La colère : il est important de l’extérioriser (cris, pleurs, verbalisation, sport …) au lieu de la retourner contre soi, notamment en mangeant. En thérapie, cette colère sera mise au travail pour être désamorcée.

L’ennui : il renvoie au vide et à la capacité de chacun à le tolérer. Il peut aussi correspondre à « Je n’ai pas ce que je veux et du coup, je ne veux plus rien ». Il peut aussi renvoyer à un vide existentiel plus profond. Imaginer de quoi vous avez envie permet de sortir d’une position passive (je m’ennuie, rien ne va …) et de retrouver une prise sur sa vie, de devenir sujet de son existence et non plus spectateur. C’est très difficile au début mais au fil des semaines et des mois, les vrais désirs émergent.
Pour lutter contre l’ennui au quotidien, vous pouvez instaurer des rituels quotidiens ou hebdomadaires qui apaisent, font plaisir ou aident à s’organiser : écrire vos pensées, maintenir un cadre de vie propre, confortable, fonctionnel et agréable, trier le courrier, faire les comptes, marcher 30 min par jour, aller au cinéma, assister à un concert, aller au marché le dimanche matin, prendre un bain, cultiver ses hobbies, entretenir ses relations personnelles, appeler ou voir ses proches régulièrement …

Les troubles du comportement alimentaire : caractéristiques communes et conseils

La maîtrise et le perfectionnisme
Le besoin de tout maîtriser est souvent présent chez les personnes souffrant de TCA. Cette maîtrise s’étend aux différents secteurs de l’existence. Apprendre à différencier ce qui dépend de soi et ce qui ne dépend pas de soi permet de différencier les éléments de sa vie qui sont réellement maîtrisables et les autres. Il faut ensuite accepter de ne pas contrôler ce qui n’est pas contrôlable.
Lutter contre un excès de perfectionnisme est lui aussi souvent présent chez les personnes souffrant de TCA. Soyez moins exigeant sur des détails et observez les conséquences dans la réalité et l’image de vous-même que cela vous renvoie. Par exemple, tout n’est pas parfait quand je reçois du monde à la maison. Qu’est – ce que j’imagine que les autres pensent de moi ? Quelle image j’ai de moi-même ?

La procrastination
« Quand je serai mince, je pourrai… ». Si vous fantasmez régulièrement sur ce thème, faites une liste de tout ce que vous feriez si vous perdiez du poids. Puis faites-le, dès maintenant. Ne repoussez plus. La vie c’est maintenant. Hier ne reviendra pas et demain n’est jamais sûr. Listez si vous le souhaitez les traits de personnalité du « moi-gros » et du « moi-mince » et si vous en ressentez le besoin, amenez vos écrits en thérapie pour en discuter.

L’estime de soi
Elle est souvent basse chez les personnes souffrant de troubles du comportement alimentaire. Pour l’améliorer, trois domaines sont à explorer :

Le rapport à soi-même :
se connaître : en identifiant clairement vos goûts, qualités, défauts et limites (mettre en adéquation au maximum ce que je sais ou crois savoir de moi, ce que les autres savent ou croient savoir de moi et oser me lancer dans des expériences nouvelles pour découvrir des facettes de moi ignorées)
s’accepter : en cessant de focaliser sur vos défauts (ne pas oublier que c’est la honte qui transforme un défaut en complexe).
être honnête avec soi : se mentir à soi-même ne protège qu’à court terme l’estime de soi.

Le rapport à l’action :
agir : au quotidien, il existe une foule d’objectifs modestes qui permettent d’améliorer et de maintenir une estime de soi suffisante. Les grandes réussites (diplôme, réussite sportives…) sont évidemment très efficaces mais rares au quotidien.
faire taire la critique intérieure (« c’est inutile, à quoi bon ? » ; « c’était nul » ; « ça ne marchera pas »…) : souvent issue d’un discours parental intériorisé, cette petite voix lancinante empêche de passer à l’action. Il faut en prendre conscience pour la désamorcer et se poser les bonnes questions.
accepter l’idée de l’échec : pour bien gérer les échecs, il faut sortir de la logique du tout ou rien (la notion de catastrophe en cas d’échec est à nuancer) et se rappeler que tout le monde échoue un jour. Échouer fait partie de la vie. Il convient de garder cette idée en tête dans tous les secteurs de sa vie. Accepter un échec, un comportement délétère permet aussi de sortir du tout ou rien. Par exemple, vous avez mangé un paquet de biscuits à 16h. Deux attitudes sont alors possibles : « Je suis nul(le), je n’y arriverai jamais. » Ce discours de dévalorisation entraîne bien souvent derrière un comportement en « tout ou rien » : « Puisque j’ai bousillé mon régime, autant continuer. ». Or, non, un paquet de biscuits ou un paquet de biscuits, quatre yaourts et une demi-baguette de pain beurrée, ce n’est pas la même chose. Ni en termes de calories, ni en termes d’impact sur la santé, ni en termes d’efforts de digestion pour le corps.

Le rapport aux autres :
s’affirmer : l’affirmation de soi est la capacité à dire ce qu’on pense, ce qu’on veut et ce qu’on ressent, tout en respectant ce que l’autre pense, veut et ressent. Les personnes à basse estime de soi, trop sensibles au risque de rejet social, ont souvent du mal à s’affirmer et adoptent soit un comportement effacé, soit agressif. S’affirmer à juste dose (certains conflits sont stériles et inutiles) augmente l’estime de soi. Et oui, parfois, en affirmant un choix, une position, on n’est pas aimé … alors il faut se poser la question : est – ce grave ? est – ce que moi j’aime tout le monde et je suis d’accord avec chaque choix de mes proches ?
être empathique : cela permet de rester proche des autres et d’être apprécié et de se sentir moins différent : « Je souffre car j’ai un trouble du comportement alimentaire, mais il souffre car il est sans emploi, elle souffre car son fils est en grave échec scolaire » … Les vies parfaites n’existent pas.
s’appuyer sur le soutien social : il se compose de quatre types de soutien : le soutien d’estime, le soutien affectif, le soutien matériel et le soutien informatif. Pour en bénéficier, il faut entretenir ses relations (intimes, proches et connaissances), ce qui prend du temps, et oser demander de l’aide.

Être positif au quotidien

Cela peut paraître un peu béta comme conseil, mais remarquer le ciel bleu ou le sourire d’une personne n’a pas, à la longue, le même impact sur l’humeur que de remarquer la pollution de nos villes, les poubelles qui débordent ou les cheveux gras d’un collègue. Être positif, apprendre à voir le verre à moitié plein, tirer le positif de chaque situation aussi difficile soit-elle, est une façon d’être au monde qui est source de nombreux petits plaisirs et de sérénité. Si vous avez envie de découvrir la méditation (de pleine conscience, guidée, zazen …), faites-le, car cette pratique, par l’apaisement qu’elle procure et l’ancrage qu’elle permet dans l’instant présent, aide beaucoup à accéder à cet état d’esprit.

J’espère que ces quelques conseils, loin d’être exhaustifs, pourront vous aider dans votre cheminement.

Audrey Contraire